Musée Matisse, Nice, jusqu'au 2 juin 2019
« Corps et décor » fait ainsi surgir la dimension
corporelle qui, apparemment, pour le peintre se réduisait à un
motif et à une organisation circulaire pour rythmer maintes compositions d'une œuvre lumineuse. Frédérique Lucien se saisit alors des
éléments du décor matissien, arabesques et végétaux, pour les
énoncer dans leur relation à ce corps décoratif qu'elle interprète
dans les détours du dessin, de la porcelaine émaillée et autres matières. Mais cette
artiste, dans une cinquantaine de pièces, retrace aussi les stations de l'histoire d'une œuvre qui
se donne en fragments, en découpes et en vastes volumes colorés.
Non pas pour compléter le travail de Matisse mais plutôt pour en
extraire ce que le peintre, dans son rapport au décor, à la lumière
et à la monumentalité, rendait invisible.
Il
ne s'agit plus tant d'un dialogue avec l’artiste que de l'occasion
de lui insuffler une suite, mais dans le sens d'une suite musicale. Car
découpes et arrachements du papier ou aplats de couleurs dont les
formes résonnent dans le vide du blanc ou se dispersent sur les murs
du musée, s'accordent dans le rythme d'une fugue qui nous entraîne,
certes dans les pas de Matisse, mais surtout dans le désir qu'il
implique : L'idéal d'une perfection dans un accord sincère
avec le monde. Comme si corps et décors se tissaient, s’égrainaient ou
se dispersaient comme les instants d'une danse, celle de cette union
au monde si chère à l'artiste. La peinture devient alors cet écrin
du corps dont l'écho nous parvient dans la restitution de la puissance
harmonieuse de Matisse. Elle s'accorde au minéral et au végétal, elle traduit les frémissements de la nature. Elle est un accomplissement.
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