Gilles Miquélis
Organisée par Evelyne Artaud, l'exposition du Centre d'Art
Contemporain de Châteauvert met en scène ce décalage qui
s'instaure entre la nature et celui qui s'en empare. Et plus
précisément lorsqu’il s'agit de l'artiste dont le rôle consiste
justement à traduire cette errance en formes et en fiction. Ou bien
en déshérence quand ces histoires que le promeneur se raconte
s'émiettent, se heurtent à la réalité d'une nature qui se meurt
mais à laquelle les artistes peuvent insuffler des parcelles
d'espérance quand ils nous enseignent une autre relation possible au
monde.
Onze d’entre eux, à travers différentes pratiques -peinture,
sculpture, vidéo, dessin, photo, installation – nous proposent une
vaste orchestration plastique riche en cris et en silences, où
l'amour interfère avec la violence quand, par exemple, Franta peint
une nature sortie de ses gonds, avec ses chiens lâchés et hurlant.
Mais l'amour est présent, il est même le seul lien véritable qui
nous rattache au monde et l’œuvre de Didier Gianella et Emmanuelle
de Rosa nous le rappelle par un distributeur de lettres d'amour pour
2€. Les superbes dessins de Michel Houssin mettent en évidence
les processus de confusion qui s’instaurent entre l'homme et les
éléments d'un paysage, dans un jeu de puzzle ou d'effacement. Tout
cela est tendu à l'extrême ; la nature demeure souveraine,
hurlante de vitalité, débordant de sève et chaque artiste nous
raconte ce qu'elle lui a murmuré. Quelque chose qui s'est formulé
en matières, en couleurs et en lumières et dont le seul mot
porteur d’espoir qui subsisterait s'appellerait beauté.
Œuvres
de Franta, Jean Jacques Cary, Marc Alberghina, Paolo Bosi, Gilles
Miquelis, Emmanuelle de Rosa et Didier Gianella, Michel Houssin,
Muriel Toulemonde, Jean-Paul Maniouloux, Luc Boniface
Centre d'Art Contemporain - Châteauvert, jusqu'au 30 juin 2019
Jean-Paul Maniouloux
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