jeudi 26 avril 2018

Leonardo Petrucci, "Rubedo"



Galerie nm>c, Monaco, 17 rue de la Turbie


En 2016, Leonardo Petrucci exposa à la Fondation Baruchello à Rome puis il réalisa « Rubedo »  présenté maintenant à Monaco jusqu'au 8 mai. Au même moment, une rétrospective de Baruchello nous est proposée à la Villa Arson de Nice. La coïncidence s'arrêterait là si le personnage de  Pierre-Joseph Arson n'avait pas inspiré Balzac lorsqu'il écrivit « La recherche de l'absolu ». Sans doute faut-il y voir alors une forme de hasard objectif dans le sens que lui attribua André Breton puisque l'exposition de Petrucci se construit sur une série de variations autour de l'alchimie. Celle-ci même qui  fut au cœur de cette quête folle du héros de Balzac, Balthazar Claês.

On retrouvera chez l'artiste italien cette même démesure comme fil structurant d'un récit. Mais alors que  dans le roman de Balzac elle conduit le héros à la ruine et à la déchéance, à l'inverse, voici que maintenant  l'emprise de l'art s'empare  de l’espace pour le ponctuer d'une expérience alchimique et aboutir à des variations sur la planète Mars.
« Rubedo », le rouge, telle est la dernière phase de la transmutation alchimique ! Ainsi l'artiste établit-il un subtil dispositif ou se côtoient mysticisme, science et alchimie. Si celle-ci demeure la pierre angulaire de la trajectoire que nous propose l'artiste dans une première salle, elle se transformera en une autre dimension dans la deuxième puisqu'elle coïncide avec des relevés très précis de la planète Mars où l'homme est censé désormais mettre le pied.
Autant dire que par l'utilisation de médiums très divers et par une mise en scène éloquente, Leonardo Petrucci excelle à plonger le visiteur dans un univers troublant où le poétique se dispute à la science et la technique à l'artisanat. L'artiste s'amuse avec sérieux de ces rencontres improbables d'où surgit sans cesse la trame d'un récit qu'il nous revient de compléter. Tout le pouvoir de l'imaginaire se déploie ici entre des fioles biscornues et colorées, des objets dorés et magiques et des tapis représentant fidèlement des détails du sol de la planète Mars. Tapis que nous pouvons fouler à moins qu'ils ne soient des tapis volants qui nous projetteraient vers cet ailleurs que seul l'art nous permet d'imaginer.
Leonardo Petrucci se dévoile ici comme un virtuose du récit qu'il écrit avec des formes, des volumes et des couleurs. Mais surtout il parvient à les inscrire sur une page où l'espace et le temps se déchirent comme au terme d'une transmutation réussie. Balzac trouve ici le digne successeur qu'il n'aurait pu imaginer !




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