samedi 13 juin 2015

Céline Martin, Antoine Loubot, Maxime Parodi, Arnaud Rolland

"Manifestement sans fin", Villa Cameline.

Exposition mise en scène par Constantin Buchaudon.




           « C’est le soupçon d’un film, l’ombre d’un film, peut-être aussi un film que je ne sais pas faire. » Voici ce qu’écrivait Fellini sur son  projet inabouti du « Voyage de G. Mastorna ».

            Voici donc l’artiste en proie au doute, à la peur, à la superstition. Ce film inachevé renaît pourtant, tel le fantôme d’un fantôme, dans le décor de la Villa abandonnée, avec son délabrement élégant , pour une mise en scène sombre convoquant dessins, sculptures, vidéo, peintures, comme autant d’épaves d’une histoire qui est peut-être aussi celle de l’art lui-même…

              Mais de quoi s’agit-il? Fellini imagine un violoncelliste qui va de concert en concert. Un jour, pris dans une mystérieuse tempête, son avion échoue dans une ville non moins mystérieuse où des rencontres énigmatiques se succèdent comme écho à son passé. Et la télévision fait état de l’accident de l’appareil et de la mort des passagers.

        Les œuvres présentées tissent un scénario subtil dans lequel les scènes traumatiques s’enchaînent et mettent à vif cette hésitation entre le réel et l’imaginaire qui irriguera ce récit incertain. Le noir et le blanc dominent. Le deuil et la joie se frôlent. Des morceaux de mémoires surnagent en écho à quelque catastrophe…Et pourtant tout ceci ne manque pas d'ironie quand les grimaces du rêve répondent au cauchemar et aux  souvenirs du quotidien.

       Les œuvres sont puissantes. Elles frappent l’esprit par leur force ténébreuse, leur accomplissement formel. Par elles, le spectateur devient le rescapé de sa propre mémoire. Qu’en est-il aussi de notre récit subjectif quand le vrai et le faux s’entrecroisent, dans un tournoiement d’émotions contraires? Qu’en est-il quand notre vie n’est que cette histoire là, une fabrication d’images déformées, troubles, de souvenirs tronqués?

               Ici se dissipent les notions de temps et d’espace. Le passé se confond au rêve et à un futur prémonitoire. L’espace est une spirale sans fin.
« Manifestement sans fin ». Tout est déjà écrit dans le titre de cette histoire. Et les fantômes de Shakespeare resurgissent ici: « La vie n’est qu’une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et qui ne signifie rien. »
Un seul mot: Superbe!





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