Galerie Depardieu, Nice
L’épaisseur du ciment accentue la force de ce fond tellurique qui bouillonne en sourdine tandis que, au
terme d’une fusion incandescente, matière et couleur explosent. Noces
monstrueuses de l’espace et du temps lorsque l’artiste exhibe ces viscères de maçonnerie lisses ou tavelées de marbrures
comme témoignages d’un feu
originel. Et au bord de ces magmas de
ciment, la couleur s’intensifie jusqu'à son apothéose. Faite de pigments pris dans un agglomérat de colle et de sciure de
bois affronté à une chaleur extrême, elle se libère de sa gangue dans un
jaillissement glorieux.
Les blocs de ciment ourlés de couleur sont traversés par le fer à béton.
Celui-ci organise l’ensemble, tente une
géométrie. C’est une artère prise dans la masse et c’est d’elle que fuse le
sang qui couve. Ce fer est aussi cette
tige qui blesse le matériau devenu cicatrice ; il est une ligne qui
conduit ce fil où la matière s’électrise, bave ses secrétions, renaît à la vie
par la magie de l’art.
Que d’humilité cependant pour une œuvre « au fil de fer et du
cordeau » ! Les gestes du maçon et de l’artisan s’effacent, comme en
retrait devant la puissance de la
matière convoquée. Cette matière qui vient à nous comme une balle tirée sur
notre regard.
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