lundi 15 juin 2015

Martin Miguel, "Au fil du fer et du cordeau."

     Galerie Depardieu, Nice

               


                              Dans l’interstice entre peinture et bas-relief, les œuvres de Martin Miguel se déploient dans la puissance du matériau. Aux lisières de la géologie et d’une vie organique  assoupie, le plus souvent  figées contre le mur, tout à la fois concrétions minérales et fossiles d’une vie  organique, elles vibrent comme dans l’attente d’une éruption à venir.

                         L’épaisseur du ciment accentue la force de ce fond tellurique  qui bouillonne en sourdine tandis que, au terme d’une fusion incandescente, matière et couleur explosent. Noces monstrueuses de l’espace et du temps lorsque l’artiste exhibe ces viscères  de maçonnerie lisses ou tavelées de marbrures comme témoignages  d’un feu originel.  Et au bord de ces magmas de ciment, la couleur s’intensifie jusqu'à  son apothéose. Faite de pigments pris  dans un agglomérat de colle et de sciure de bois affronté à une chaleur extrême, elle se libère de sa gangue dans un jaillissement glorieux.

                         Les blocs de ciment ourlés de couleur sont traversés par le fer à béton. Celui-ci  organise l’ensemble, tente une géométrie. C’est une artère prise dans la masse et c’est d’elle que fuse le sang qui couve. Ce fer  est aussi cette tige qui blesse le matériau devenu cicatrice ; il est une ligne qui conduit ce fil où la matière s’électrise, bave ses secrétions, renaît à la vie par la magie de l’art.


                         Que d’humilité cependant pour une œuvre « au fil de fer et du cordeau » ! Les gestes du maçon et de l’artisan s’effacent, comme en retrait  devant la puissance de la matière convoquée. Cette matière qui vient à nous comme une balle tirée sur notre regard.






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