Centre d’Art La Falaise, Cotignac
Jusqu’au 31 mai 2025
Dans leur diversité, les œuvres se répondent, se contredisent ou s’associent dans une symphonie de formes et de couleurs. Et le regard circule de l’une à l’autre dans l’excitation d’une découverte quand au fil du parcours surgissent des perspectives nouvelles, des récits, des bribes de réel enchevêtrés dans les mailles de la fiction. Pour cette biennale, Art’Falaise met en lumière les œuvres de 9 artistes que rien ne réunit d’emblée si ce n’est qu'à chaque rencontre, la surprise d’une écriture forte, une relation originale à l’espace et la revendication d’une liberté absolue. Ici peintures ou sculptures s’offrent à la contemplation sans mode d’emploi pour des aventures qu’il revient à chacun d’éprouver et de vivre. Entre les peintures de Jean-Marc Calvet et de Serge Plagnol, deux univers se font face comme pour affirmer l’impossibilité d’imposer en art une définition totalisante et un point de vue unique.
Le monde de Jean-Marc Calvet est saisi dans une tension extrême et chaque toile révèle un condensé d’images criblées de signes, de griffes et de dents pour des mythologies saisies dans leur violence originelle. Les couleurs crues cisaillent l’espace dans un enchevêtrement de cris et de récits qui se bousculent dans l’espoir d’une délivrance. C’est ici le paradoxe d’un étouffement et d’une explosion libératrice pour une peinture triomphante. A l’inverse, les toiles de Serge Plagnol, dans d’imposants formats distillent des gammes légères par leurs coloris et l’agencement des lignes semble directement infusée dans la nature dont elles procèdent. On y respire le vent et le doux froissement des feuillages. En marge de l’abstraction, l’artiste peint la transparence de l’air.
Les dessins de Magali Latil expriment une retenue dans le temps, un maillage de lignes qui se nouent ou se dénouent comme dans la construction d’un nid. Un monde secret s’organise aux confins du visible et l’écho de ce tremblement s’imprime sur le papier qui vibre par le jeu de la cire, des pigments ou du graphite. C’est plutôt dans un déluge de formes que nous entraîne Micheline Simon. D’une couche de peinture ou de superpositions de collages, c’est l’histoire d’un recouvrement qui paradoxalement fouille les entrailles d’une origine que la peinture ne cesse de vouloir dévoiler. Par l’emploi de couleurs vives, les toiles d’Yves Conte rayonnent de vie mais celle-ci semble happée par un voile qui la recouvre. Le peintre peint ce voile comme une peau qu’il faudrait peut-être arracher. Les fusains de Raoul Hebreard se livrent à nous comme dans un constat: L’anonymat des choses figées dans le temps.
Nature et légèreté irriguent les sculptures aériennes de Charlotte Dugauquier. Des entrelacs silencieux de fibres, de pennes de plumes ou de fils interprètent un chant qui vibre de toutes les profondeurs du règne végétal. C’est aussi la sculpture que Sophie Menuet travaille à partir du corps conçu comme carapace. Le textile, par exemple, se donne telle une peau culturelle qui recouvre tour à tour la vérité du sujet et la révèle. Toute œuvre d’art est un dévoilement.