Cette
puissance qui nous saisit face à l’œuvre d'Alain Clément est
celle de la peinture telle quelle, dans sa seule mise à nue par la
violence des formes et des couleurs qu’elle contient, à sa source, avant même d'investir l’hypothèse une œuvre. Mais une violence
sereine comme habitée des seules pulsations du monde, de ses
modulations, de ses éruptions incontrôlables comme de l' harmonie
qui pourtant le façonne aussi. Voici donc une peinture sincère, qui
s'offre alors dans son geste primitif, dans celui de la seule brosse
qui décrit le mouvement du bras, se prolonge dans le ciel des
couleurs et pourtant se fige ou se contracte au cœur de la toile
comme si l'artiste saisissait alors un instant d’éternité.
Cette force s'exprime et se comprime dans ses limites internes comme dans celles
du cadre qui l'enserre. Plus précisément, cette peinture, si
mesurée, parle de la démesure dont elle procède et renvoie l'image de sa seule tension. C'est pour cela qu'elle déborde toujours
vers autre chose que ce qu'elle suggère, qu'elle désigne les
obstacles auxquels elle se heurte dans la représentation de
l''imaginaire ou du réel. Son abstraction parle alors de la figure, du
corps, de ses découpes, de ses torsions et l'on perçoit la hantise
de la peinture de Matisse.
Alain Clément ne cesse de peindre sur l'histoire de la peinture ;
il connaît toutes les stations de ce périple qu'il entreprend avec
rigueur et humilité quand tout aboutit à un signe définitif , à
ses ondulations, à sa cristallisation dans l’œuvre d'un artiste.
Alain Clément ne peint pas d'image, il célèbre un hommage à l'
histoire de l'art.
Et
d'ailleurs est-il seulement peintre? Sa peinture se matérialise
alors dans la découpe froide du métal, elle devient sculpture,
elle lacère avec grâce l'espace qui l’accueille et lui livre ses
courbes, l'authenticité de ses couleurs primaires comme pour une
offrande à ceux dont il est l'héritier.
Alain
Clément n'est pas le peintre des ruptures mais plutôt celui d'une
éclosion lente, d'une méditation sur ce qui fut et sur ces formes
minimales qui en résultent : une rythmique, une incandescence –
l'écho toujours bruissant d'une origine. Regardez cette œuvre. Elle
est féroce. Elle laisse sur les côtés tous ces décombres de
formes ou de pensée qui ne sont rien. Impitoyablement, elle éclaire
ce vide.
La Strada N° 298
Centre d'Art Contemporain, Châteauvert (Var)
Du 8 juillet au 25 novembre 2018
La Strada N° 298
Centre d'Art Contemporain, Châteauvert (Var)
Du 8 juillet au 25 novembre 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire