Château-Musée Grimaldi, Cagnes-sur-mer, du 16 juin au 17 septembre 2018
Célébré
de son vivant,
François Baron-Renouard
est de ces artistes dont la trace s'est peu à peu effacée de nos
mémoires. Peut-être parce que beaucoup de suivistes de moindre
qualité ont adopté son style et sa façon d'interpréter le paysage
mais sans y déployer le même savoir faire et la même énergie. Sa
première exposition se déroula en 1946 et dès lors il s'écarta
peu à peu des grands courants picturaux de la figuration liés au
cubisme ou au fauvisme pour s'orienter vers une peinture abstraite
mais imprégnée par l'idée de nature. Né en Bretagne, le peintre
fut marqué par les paysages qu'il vit du ciel quand il fut officier
aviateur durant la seconde guerre mondiale. Ses toiles portent ainsi
l'empreinte de vastes champs colorés auxquels il apporte une
rythmique très personnelle.
Chez
lui tout se structure par la couleur et c'est à partir de
l'énergie qu'elle diffuse que l'espace se développe, d'où une
architecture très musicale qui saisit immédiatement le visiteur.
Deux premières salles présentent les œuvres les plus anciennes,
sans doute moins abouties, et l'on sent combien la figure peut peser sur l'artiste mais comment il s'en libère progressivement en épurant
les formes pour faire jaillir la couleur. Alors la douceur des tons
se heurte sans hiatus à la violence rythmique. On devine parfois le
souvenir de paysages marins, marécageux ou tourmentés mais tout
s'interprète de façon résolument symphonique. Les traits s'effacent au profit
de vastes masses de rouge orangé ou de jaune éblouissant qui
tournoient ou s'apaisent, ponctuées par de puissants effets de
matière. Celle-ci est parfois translucide et brillante, parfois elle
se charge de sable; son épaisseur porte la marque de griffures de
terre ou bien délimite, par l'adjonction de collages, des espaces
mélodiques.
L’œuvre
témoigne d'une intense vitalité. La carrière du peintre fut
d'ailleurs marquée par 25 expositions personnelles à travers le
monde et particulièrement au Japon. Très actif, il créa aussi des
vitraux, des tapisseries et des mosaïques. Il s'impliqua dans
plusieurs organisations internationales, telles que l'UNESCO, pour la
reconnaissance et le défense des artistes.
La Strada, N°296
La Strada, N°296
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