mercredi 27 juin 2018

François Baron-Renouard, "Une vie de couleurs"

Château-Musée Grimaldi, Cagnes-sur-mer, du 16 juin au 17 septembre 2018


                           Célébré de son vivant, François Baron-Renouard est de ces artistes dont la trace s'est peu à peu effacée de nos mémoires. Peut-être parce que beaucoup de suivistes de moindre qualité ont adopté son style et sa façon d'interpréter le paysage mais sans y déployer le même savoir faire et la même énergie. Sa première exposition se déroula en 1946 et dès lors il s'écarta peu à peu des grands courants picturaux de la figuration liés au cubisme ou au fauvisme pour s'orienter vers une peinture abstraite mais imprégnée par l'idée de nature. Né en Bretagne, le peintre fut marqué par les paysages qu'il vit du ciel quand il fut officier aviateur durant la seconde guerre mondiale. Ses toiles portent ainsi l'empreinte de vastes champs colorés auxquels il apporte une rythmique très personnelle.
Chez lui tout se structure par la couleur et c'est à partir de l'énergie qu'elle diffuse que l'espace se développe, d'où une architecture très musicale qui saisit immédiatement le visiteur. Deux premières salles présentent les œuvres les plus anciennes, sans doute moins abouties, et l'on sent combien la figure peut peser sur l'artiste mais comment il s'en libère progressivement en épurant les formes pour faire jaillir la couleur. Alors la douceur des tons se heurte sans hiatus à la violence rythmique. On devine parfois le souvenir de paysages marins, marécageux ou tourmentés mais tout s'interprète de façon résolument symphonique. Les traits s'effacent au profit de vastes masses de rouge orangé ou de jaune éblouissant qui tournoient ou s'apaisent, ponctuées par de puissants effets de matière. Celle-ci est parfois translucide et brillante, parfois elle se charge de sable; son épaisseur porte la marque de griffures de terre ou bien délimite, par l'adjonction de collages, des espaces mélodiques.
L’œuvre témoigne d'une intense vitalité. La carrière du peintre fut d'ailleurs marquée par 25 expositions personnelles à travers le monde et particulièrement au Japon. Très actif, il créa aussi des vitraux, des tapisseries et des mosaïques. Il s'impliqua dans plusieurs organisations internationales, telles que l'UNESCO, pour la reconnaissance et le défense des artistes.

La Strada, N°296

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