samedi 10 mars 2018

Nikolaus Gansterer, "Con-notations"


Villa Arson, Nice, du 10 mars au 27 mai 2017



Il est difficile d'envisager une simple ligne comme porteuse de sens. Pas plus d'ailleurs que celle-ci ne contribuerait à une forme qui se réduirait à elle-même. Aussi que l'artiste veuille la soustraire à sa seule portée esthétique ou organisationnelle, il lui faudra alors recourir à cette extériorité des choses telle qu'elle préside à l'objet ou qu'elle s'articule au vivant, au biologique, dans tout ce qu'ils drainent comme apparence d'éphémère et d'instabilité. Le dessin seul ne pourra donc, au delà de ses jeux de recouvrement et d'effacement, en fournir une représentation s'il ne s'articule lui-même au vécu, à la performance et à l'exploration de ce que serait la ligne quand on la conceptualise au-delà d'un projet artistique.
Or Nikolaus Gansterer choisit de remonter le fil rouge du dessin pour, en quelque sorte, l'extraire des conventions qui le coupent de la réalité de la ligne dans toutes les modalités de la nature. La ligne souligne les contours, délimite des frontières tout autant qu'elle isole la forme qu'elle enferme. Aussi l'artiste met-il l'accent sur l'accidentel, le hasard, l'in-pertinence, non pas par son propre travail mais à l'intérieur du concept de dessin et de ligne qu'il interroge à travers l'espace, le corps ou tous ces dépôts de signes qui y affèrent et jonchent notre quotidien. Il recourt alors à des projets collaboratifs pour lesquels il fait appel à des compétences diverses. Il s'adonne à la recherche d'objets infimes qui se réduisent à des lignes balbutiantes et à des accès de couleur.
La nature, le monde ne seraient que l'univers d'un dessin qu'il faudrait savoir regarder avant de le contraindre à toute signification. Ce dessin porte en lui la trace de sensations contraires ; il peut s'exprimer dans la surface plane quand celle-ci rebondit dans l'espace par l'ajout d'une sculpture aérienne , mais on y devine encore la charge de la lumière, les sinuosités de la danse, la juxtaposition fiévreuse et chaotique de tous les procédés que l'artiste convoque.
L'empreinte de la ligne et de ses courbures s'empare du mur, du sol, de l'installation. Elle définit les mots eux-mêmes qui sont saisis dans la gangue d'une forme et d'une signification. C'est aussi cette gangue qu'il importe de  briser pour en exprimer toute l'essence. Mais le dessin est aussi une histoire de temps, de gestation, d'érosion et d'effacement. C'est ce point aveugle que l'artiste nous rend visible. Les grandes œuvres savent parler en dehors des mots comme elles savent s'affranchir de l'espace et du temps. Elles portent seules cette puissance d’exister par elles-mêmes.


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