Villa Arson, Nice, du 10 mars au 27 mai 2017
Il
est difficile d'envisager une simple ligne comme porteuse de sens.
Pas plus d'ailleurs que celle-ci ne contribuerait à une forme qui se réduirait à elle-même. Aussi que l'artiste veuille la soustraire à
sa seule portée esthétique ou organisationnelle, il lui faudra
alors recourir à cette extériorité des choses telle qu'elle
préside à l'objet ou qu'elle s'articule au vivant, au biologique, dans tout ce qu'ils drainent comme apparence d'éphémère et d'instabilité. Le dessin seul ne pourra donc, au delà de ses jeux de
recouvrement et d'effacement, en fournir une représentation s'il ne
s'articule lui-même au vécu, à la performance et à l'exploration
de ce que serait la ligne quand on la conceptualise au-delà d'un
projet artistique.
Or
Nikolaus Gansterer choisit de remonter le fil rouge du dessin pour,
en quelque sorte, l'extraire des conventions qui le coupent de la
réalité de la ligne dans toutes les modalités de la nature. La ligne
souligne les contours, délimite des frontières tout autant qu'elle
isole la forme qu'elle enferme. Aussi l'artiste met-il l'accent sur
l'accidentel, le hasard, l'in-pertinence, non pas par son propre
travail mais à l'intérieur du concept de dessin et de ligne qu'il
interroge à travers l'espace, le corps ou tous ces dépôts de
signes qui y affèrent et jonchent notre quotidien. Il recourt alors
à des projets collaboratifs pour lesquels il fait appel à des
compétences diverses. Il s'adonne à la recherche d'objets infimes
qui se réduisent à des lignes balbutiantes et à des accès de
couleur.
La
nature, le monde ne seraient que l'univers d'un dessin qu'il faudrait
savoir regarder avant de le contraindre à toute signification. Ce
dessin porte en lui la trace de sensations contraires ; il peut
s'exprimer dans la surface plane quand celle-ci rebondit dans
l'espace par l'ajout d'une sculpture aérienne , mais on y devine
encore la charge de la lumière, les sinuosités de la danse, la
juxtaposition fiévreuse et chaotique de tous les procédés que
l'artiste convoque.
L'empreinte
de la ligne et de ses courbures s'empare du mur, du sol, de
l'installation. Elle définit les mots eux-mêmes qui sont saisis
dans la gangue d'une forme et d'une signification. C'est aussi cette gangue qu'il
importe de briser pour en exprimer toute l'essence. Mais le dessin est
aussi une histoire de temps, de gestation, d'érosion et d'effacement.
C'est ce point aveugle que l'artiste nous rend visible. Les
grandes œuvres savent parler en dehors des mots comme elles savent s'affranchir de l'espace et du temps. Elles portent seules cette puissance d’exister par elles-mêmes.
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