vendredi 2 mars 2018

Martin Miguel, "Cordeaux espiègles"



Galerie Depardieu, Nice du 1 au 24 mars 2018


C'est à la fin des années 60 qu'un certain nombre d'artistes se lancent dans une réflexion analytique et critique sur la peinture, à partir de quelques individualités ou de groupes tels que Support-Surface ou le Groupe 71 avec Isnard, Charvolen, Chacallis, Miguel... Longtemps après, Martin Miguel demeure fidèle à cette volonté de se confronter à la matérialité fondamentale d'une œuvre : Son rapport au mur, au dessin , à la couleur. A cette quête de l'origine, il y faut l'humilité du maçon et du bâtisseur. Le fil conducteur sera donc « le cordeau », celui qui normalement délimite une ligne droite et permet de visualiser un plan vertical. Mais celui de Martin Miguel se veut « espiègle ». Il est une artère qui irrigue le ciment, qui se rétracte hors de la matière du béton brut en y laissant l'empreinte d'un dessin puis la réalité d'une armature de fer.
Ainsi l'artiste déjoue-t-il les contraintes du bâti et du géométrique en revenant aux sources mêmes de l'art pariétal. A l'origine, dessin, couleur et architecture fusionnent dans une unité à la fois utilitaire et symbolique ; fonctionnalité, mythologie et rites s'inscrivent dans la matérialité d'un bâti. Martin Miguel laisse le cordeau imprimer sa marque dans le corps du matériau. La ligne droite s'adonne au paradoxe et à l'espièglerie des courbes, elle s'extrait de sa gangue pour délimiter le mur et revient tracer son dessin dans le béton là où la couleur se diffuse. La matière alors est traversée de sillons, elle explose en marbrures, elle est vivante. Elle parle un art immémorial.


Exposition précédente de Martin Miguel à la Galerie Depardieu, 2015
https://lartdenice.blogspot.fr/2015/06/martin-miguel-au-fil-du-fer-et-du.html




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