Galerie Depardieu, Nice
Coudre,
en découdre avec les formes et les langages, projeter la couleur ou
la tenir corseté sous le signe d'un logo ou les contraintes d'un
cache. Traquer le souffle des mots tapis derrière l'image, et
toujours couper, découper, déchirer comme si tout ces fragments
n'étaient que des écrans pour occulter le monde. Le révéler, tel
serait donc le geste de l'artiste ou de celui qui s'engage dans
l'aventure du sens, dans ses impasses, ses contresens, bref tout ce
qui constitue la vie dans son désordre. Celle qu'il faut ainsi
décrire pour tracer un avenir, un flux, un sillage dans lequel art
et poésie se confondent.
Construire
c'est aussi déconstruire. Marcel Alocco propose un « itinéraire »
d’œuvres réalisées entre 1956 et 1976. En phase avec les
mouvements qui agitent alors les arts plastiques, il renverse le châssis,
le rend à la visibilité. Il dépouille la toile de ce qu'elle
prétend dévoiler pour en saisir les doutes, les contradictions qui
s'essaiment dans un puzzle qui prend la forme d'un patchwork.
On y
retrouvera la rigueur d'une humilité artisanale associée à une
réflexion sur l'histoire de la peinture. Des références à l'art
classiques se heurtent à des idéogrammes chinois. Puis la peinture
devient dessin, découpage. Les mots la bordent ou s'en emparent.
Alocco nous convie à ce déplacement des signes, à une
transformation toujours en cours qui ne laisse aucun répit à
l'élaboration d'une théorie ou d'un système. Ici l'art se donne
comme une pratique et l'artiste n'est plus tant celui qui décrit le
monde que celui qui expose une pensée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire