La Station, Nice
Le visiteur est alors
confronté à ce grand écart de ce qui serait un camp d’extermination dans
son flux économique morbide, sa
rentabilité marchande comme négation intrinsèque du vivant et de l’ironie qui
préside à son spectacle. Ce ne sont donc pas ici les bœufs écorchés de Rembrandt et de Soutine comme vanités et
rappels de crucifiements. Ce ne sont plus des images de souffrance ou de substitut d'humanité, mais bien les rouages, comme traces encore visibles, d’un
système dans lequel les flux l’emportent sur les êtres jusqu’à leur disparition.
Dans « La société du
spectacle », Guy Debord écrit ceci : « L’homme séparé de son
produit, de plus en plus puissamment produit lui-même tous les détails de son
monde, et ainsi se trouve de plus en plus séparé de son monde. D’autant plus sa
vie est maintenant son produit, d’autant plus il est séparé de sa vie. »
Ainsi peut-on s’autoriser à voir dans « Flux tendu » non pas une illustration mais plutôt le miroir de ce corps social effacé, de la même manière que ce processus spéculaire, inévitablement, par son étymologie même, conduit au champ spéculatif. Une exposition qui ne donnerait donc rien à voir de plus visible que l’abstraction des flux et l’absence de ceux qui s’y soumettent en les créant. Debord ne cessait jamais de clamer que le spectacle était cette absorption du vivant par la marchandise.
L
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