Caisse d'Epargne Masséna, Nice
Agnès Vitani, Barbarpurple, Feutre et mousse expansée
Alors
que « la Cène » désigne le repas du soir avec une
connotation religieuse, la « pause déjeuner » nous
transporte dans un autre univers artistique plus proche du « Déjeuner
sur l'herbe » ou des ripailles flamandes... Quoiqu'il en soit,
il importe ici de briser les flux du travail ou la circulation de
l'argent que l'espace d'une banque induit, pour une méridienne, une
parenthèse gastronomique dans laquelle le visiteur s'adonnerait à
la «gratuité» y compris dans son sens étymologique de « ce
qui est agréable ».
Le
thème du repas est l'un de ces ces vecteurs qui traversent et
ordonnent l'histoire de la peinture. Parce qu'il entretient une
relation essentielle au biologique mais aussi qu'il incite au partage
et à la convivialité. Aussi ce thème s'ouvre-t-il à tous les
possibles, au rire comme au sérieux, à un regard sur l'écologie,
une escapade nostalgique vers le rêve ou l'intrusion dans l'énorme
ou le dérisoire. Qu'importe, puisque nous sommes conviés à une
« pause », une rétention de sens, un arrêt dans le
temps, une éruption de liberté.
L'intérêt
d'une telle présentation réside justement dans cette profusion
d'approches visuelles qui se heurtent dans une joyeuse cacophonie
comme si les voix des artistes laissaient entendre ici leur gouaille,
leur poésie, leur inquiétude... Un rythme coloré, multiforme par
ces peintures, installations, sculptures ou photographies, soutient
cette exposition où le spectateur expérimente l'humour, l'ironie
mais se trouve aussi confronté à une réflexion sur l'organisation
d'un espace et le foisonnement des formes et des couleurs qui le
structurent. L'univers doucereusement coloré d'Agnès Vitani se
développe dans une beauté inquiétante : Ce « barbarpurple »
est-il l'écho d'une enfance, l'image boulimique d'un espace en
gestation ? Les natures mortes de Philippe Mayaux ou de Thierry
Lagalla ne disent-elles rien d'autre que leur jeu sur le détournement
de sens ? Chaque œuvre suscite ainsi sa propre saveur pour la
gourmandise du regard.
Artistes
: Martine CAMILLIERI, Marc CHEVALIER, Claire DANTZER, Noël DOLLA,
Thierry LAGALLA, JeeYoung LEE, Philippe MAYAUX, Agnès VITANI
Commissariat : Entre I Deux, Lélia Decourt & Rébecca François
Claire Dantzer, "Éphémère et corruption", 20 kg de chocolat et bois
Du 10 février au 15 juin 2018
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