NM Contemporary, Monaco
Jusqu'au 24 novembre 2020
De l'infiniment grand à l'infiniment petit, la perception comme la conception du monde résultent toujours d'une exploration. Tout artiste est un voyageur errant parmi les formes mouvantes de l'univers et du vivant. Que deviennent alors les frontières mentales ou géographiques quand il s'agit pour lui de se mesurer à l'humain qui les conçoit et dont le projet politique est de leur donner sens et forme ? L'artiste italien, Piero Ruffo, nous invite à un voyage passionnant dans cet univers, entre espace, temps et mythologie, pour explorer cette capillarité entre le visible, l'imprégnation culturelle et l'imaginaire.
Un tel parcours impose grandeur et humilité et, pour le représenter, il faut recourir à une œuvre multiple - assemblages, dessins et lacérations - qui puisse dire l'homme dans sa solitude comme dans son universalité. C'est à dire dans sa fusion avec l'autre, l'animal, le végétal et la danse des constellations. Piero Ruffo manie le dessin avec minutie. Le temps se regarde alors, il s'organise ou se décompose dans la durée des gestes méticuleux qui s'exercent dans la découpe des signes astraux, des animaux ou des humains se déployant à travers les strates de l'histoire comme signes annonciateurs de nos lendemains. L'artiste utilise des archétypes pour parler l'universel. Les œuvres présentées multiplient les supports, papier millimétré, tapisserie ou couvertures de survie. Les frontières se dissolvent alors pour un chant cosmique où l'homme se désigne dans sa fragilité comme dans sa toute puissance.
Tout n'est qu'histoire de déplacement et de migrations. Celles des espèces ou des hommes pour mettre en péril le concept même de reproduction et de mimétisme. Quand tout n'est que passage et transformation qu'en est-il de nos moyens d'agir, de penser le social et le politique ? L'artiste parvient à capter avec virtuosité cette fusion de l'ombre et de la lumière, de la ligne ou de la figure avec l'indicible. La volonté se mesure à l'aune de l'incertitude. La cartographie devient ici un repère constant pour ce constat sur un monde déboussolé. Piero Ruffo dessine des perspectives, il suggère des traces, il creuse littéralement le fond et la forme. La poésie réside dans la gestation des figures comme un impossible. La politique est bien une vision d'avenir quand elle se raccroche aux étoiles.