CARNAVALS d’ici et d’ailleurs
Hôtel Départemental des Expositions du Var, Draguignan
Jusqu'au 22 mars 2026
Nationales, militaires ou religieuses, les célébrations relèvent de la verticalité d’un pouvoir tandis que les fêtes populaires surgissent d’un fond archaïque qui vont défier temporairement l’ordre hiérarchique pour, en réalité, le consolider par un effet de catharsis. Le carnaval est cet événement à la croisée du rite, de la fête et de la subversion dont l’histoire et les multiples variations géographiques sont relatées lors de cette exposition du HDE de Draguignan.
Au fil du parcours, de ses origines jusqu’aux multiples aspects de sa présence contemporaine, l’exposition nous présente toutes les facettes du carnaval à partir d’une riche documentation - peintures anciennes ou contemporaines, photographies, masques, costumes, objets archéologiques ou ethnologiques qui traduisent toute la variété d’un événement dont la source nous ramène à l’antiquité avec ses fêtes liées aux cycles agricoles et cosmiques marquant la fin de l’hiver et le renouveau de la vie. Les fêtes de Dionysos, les bacchanales ou les saturnales romaines témoignèrent de ces instants d’inversion de l’ordre établi dans un défoulement populaire. D'une salle à l'autre, le visiteur est convié à suivre l'histoire de ce rituel qui, avec l'expansion du christianisme, devient le prélude au carême, période de privation avant Pâques. Et si l'étymologie du carnaval renvoie à la privation de la viande, elle désigne aussi paradoxalement une libération de la chair... Ainsi le masque, par son anonymat, efface-t-il les identités fixes et autorise une métamorphose symbolique. Le roi se fait bouffon et le pauvre devient prince...
De Venise à Rio, de Bâle à Nice ou aux Caraïbes, le carnaval s'inscrit dans la spécificité des cultures locales, jouant du rire ou de l'épouvante, parsemant la nuit de ses paillettes au son des clochettes et des tambourins ou traversant les jours de ses chars chamarrés de plumes, de rires et de chants. C'est le temps de l'inversion et du travestissement quand les identités sociales ou sexuelles, pour un temps, se dissolvent dans l'imaginaire. Les signes de cette exubérance dans toute leur ambiguïté sont spectaculairement dévoilés au cours de l'exposition. On y voit des peintures anciennes qui rebondissent sur des œuvres d'Alechinsky ou de Patrick Moya, on s'effraie des diables et de leurs cornes comme on s'amuse des caricatures ou des grosses têtes dans les cortèges dans le sillage des confettis avant qu'on ne brûle le Roi Carnaval... Et puis tout recommence, le rythme des saisons, l'ordre des choses jusqu'aux nouvelles illusions... La fête est finie.

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