samedi 20 août 2022

Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue

 


Collection d’art Moderne Brache-Bonnefoi



En cet été 2022 s’ouvre au public l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. De son immersion dans la solitude d’un site naturel d’exception, par ses pierres d’où émane le poids du silence et de la ferveur, ce lieu s’accorde avec cette résonance particulière des puissantes œuvres d’art qui lui ajoutent la force du miracle. Tout ici évoque la splendeur austère d’un édifice cistercien que rénovèrent, à partir de 1960, Pierre Brache et Geneviève Bonnefoi en s’attachant à réconcilier les vieilles pierres et la peinture moderne. C’est alors la rencontre d’une architecture dépouillée et de l’art d’avant-garde de l’après-guerre.

Le couple de collectionneurs effectua de vastes travaux de rénovation sur l’ensemble du site dans le but de présenter essentiellement des œuvres de l’abstraction lyrique et informelle. Autour d’artistes français, c’est tout un paysage international qui se dessine: L’Allemagne avec Hartung et Wols, La Hongrie avec Vasarely et Hantaï mais il y a aussi l’Italien Bertini, la Portugaise Vieira da Silva, le Tchèque Serpan et tant d’autres. D’une pièce à l’autre, le visiteur découvre l’univers du couple, ses amitiés avec Dubuffet ou Michaux et une multitude d’œuvres qui se rattachent au nuagisme, au matiérisme, à la peinture gestuelle mais aussi Dado, Fred Deux et des artistes locaux que Geneviève Bonnefoi ne cessa jamais de défendre.

Cette corrélation du religieux et de l’art contribue à inscrire chaque artiste dans un autre contexte que celui du musée traditionnel. Le lieu est investi d’une présence et d’une passion, celle d’un couple qui fit don de l’abbaye et d’une grande partie de leur collection en 1973 à ce qui deviendra le Centre des Monuments Nationaux. A la suite du décès de Geneviève Bonnefoi, le lieu est rénové pour la présentation d’une sélection parmi les quelques 1363 œuvres conservées. On y rencontre Soulages, Benrath, Viseux, Fautrier mais aussi un triptyque monumental de Serpan au sein de l’église. D’un espace à l’autre, de l’aile du réfectoire jusqu’à la salle capitulaire, c’est toute une histoire qui s’anime, entre passion de l’art et volonté de construire, là où les œuvres deviennent aussi des témoignages. C’est ainsi que tableaux, sculptures et tapisseries voisinent avec des documents et des éléments d’un mobilier personnel qui donnent à cet ensemble ce souffle de vie qui se confond à l’art.

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