Quand
Lagalla fait du Lagalla, il ne lui manque qu'un autoportrait en
fraise Tagada. Ainsi revisiterait-il encore et encore son histoire de
l'art ,en images, pour illustrer les mots d'une histoire drôle. Car
il y a bien du dérisoire dans cette mémoire des œuvres qui se
dispute aux mots qui les recouvrent.
Thierry Lagalla est l'artiste de ce discours où le
désenchantement s'accorde à une forme de voracité gourmande pour
engloutir tout ce que, de l'art ou du réel, elle absorbe. De l'art
et du cochon, pourrait-on dire aussi tant ceci sent le saucisson, la gouaille et la
ripaille. Il dessine et peint dans une truculence rabelaisienne cette histoire de l'art avec ces mots si absents en surface mais tellement prégnants
qu'ils signent une œuvre. Irréductible à son seul contenu, celle-ci relève surtout d'une performance dont elle est la trace.
Aussi cet humour, cette distance ironique
qu'il instaure avec le monde peuvent-ils se lire comme une méditation
inquiète sur l'art, sa consommation et ce qui en résulte. La bouffe
ponctue cette bouffonnerie, la charcutaille dégouline de sens et
entre en collision avec de subtiles réflexions sur l'asperge de
Manet, sa souple rectitude et son déplacement d’une œuvre à une autre. Ou bien un vase
du même Manet se voit-il amputé de ses pivoines et c'est alors ce
vide qui dévoile l’œuvre du peintre. Lagalla se livre à une
relecture de l'art et du monde, à sa transcription parodique, mais aussi ambiguë dans
son apparente neutralité. Le dessin est, littéralement, à la
pointe de cette réflexion. Pointe d'ironie qui ne rate jamais sa
cible.
Espace à vendre, Nice
Jusqu'au 12 mai 2018
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