lundi 11 décembre 2017

Dominique Ghesquière

Galerie des Ponchettes, Nice




    A trop vouloir traquer l'invisible, on finit quelquefois par débusquer le néant. Surtout quand on prétend capturer cet invisible à travers les objets du quotidien sans percevoir combien cet échantillonnage là procède d'une mythologie dans la définition précise de Barthes lorsqu'il en révélait le visage boursouflé  des Bouvard et Pécuchet dès lors qu' ils s'en emparent. 
« Traquer l'invisible » puisque la chose désignée ne serait donc que l'enveloppe trompeuse de ce qu'elle renferme. C'est à dire qu'en elle résiderait la magie d'un paradis écologique ou politique perdu, un jardin d’Éden hanté de récits primordiaux avec leurs gnomes et autres personnages de contes. Ou quand les racines rêvées se travestissent en utopie... Cette approche essentialiste fleure bon la nostalgie mais celle-ci exhale pourtant des remugles peu flatteurs. Reste pourtant l'incertitude légèrement inquiétante d'un monde à la présence trop suspecte et tout ceci serait censé être empreint d'une belle poésie si les chemins empruntés par l'artiste n'avaient été tellement labourés qu'ils en seraient devenus stériles. La lourdeur poétique se charge d'une impardonnable tristesse quand on évoque des vagues, des herbes rares, des pierres roulées, des rideaux d'arbre -puisque telles sont les titres des œuvres- par des formes et des concepts qui, loin de s'ouvrir à du sens ou à de nouvelles perspectives, les enferment dans la grisaille du déjà vu et de la facilité On les a tellement arpentés ces chemins là, sans surprise, toujours parsemés des mêmes petits cailloux de peur que nous nous y égarions. Et on les parcourt de nouveau avec ennui, sans autre promesse que ce manque d'horizon et la lassitude de lire encore ce même récit qui, d'une page à l'autre, résonne d'un même vide.
S'il faut rêver, alors livrons ces galets à la mer, écoutons cette onde grondante  quand l'horizon les ratisse sauvagement jusqu'à la grève. Quand au « rideau d'arbre », selon le texte qui l'accompagne, il « évoque l'étrange mue d'un arbre qui aurait pris son autonomie ». Bigre... Alors déchirons-le et, à l'instar de ce pauvre oiseau naturalisé censé célébrer l'envol, retrouvons la vie, la vraie vie, envolons-nous !



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