jeudi 22 janvier 2015

Alaleh Alamir


Galerie Depardieu, Nice 




On l’imaginerait volontiers ratisser sable et graviers d'un jardin Zen si, d'aventure, Alaleh Alamir, eût voulu figurer un espace.
 Or, c'est davantage à l'expérience d'un temps nomade que s'attache l'artiste, ramenant à la surface de la Galerie Depardieu, des fragments de vie déclinés dans une grande variété de supports : sculptures organiques de plâtre et de résine, dessins, photographies, gravures...
Mais ces moyens ne sont jamais prétexte à une narration biographique ; au contraire, l'artiste s'efface dans le monde végétal – parfois absorbé dans une gangue minérale – dans un jeu d'apparition et de disparition. Car il y a de la légèreté, de l'humilité dans ce geste quand elle parvient à saisir ce « presque rien «  au terme d'une approche quasi mystique d'une nature autant effleurée que vénérée.
L'émotion est transmise de ce monde à peine éclos, trouble, où la couleur peine à sourdre. Et de ce rituel,  quand le regard se force au silence face à tant de grâce, à tant de maîtrise dans l'élaboration de l'objet.
Pourtant le travail de l'artiste disparaît tellement les figures, incertaines, semblent, naturellement, naître de leur support.

De la poésie, une écriture du sensible. C’est tellement précieux dans l'art d'aujourd'hui !





jeudi 15 janvier 2015

"Fausses vacances" Baptiste César

Galerie 22, Rue de Dijon, NICE

"Fausses vacances" de Baptiste César.

Comme le suggère le titre de l'exposition, nous voici confrontés à un univers où le factice du medium renvoie au vide d'une représentation. C'est dire combien il nous reviendra de  donner sens quand tout se joue, de manière farceuse et puérile, dans cet entre deux improbable. Là où, pourtant, une narration s'éclôt hors de toute linéarité.
Car dans l'espace de la galerie se répondent  des films, de pseudos sculptures, des photos, un dessin, des galets échoués sur les murs où sont gravés des éclats poétiques -ou des épitaphes- comme d'ultimes messages jetés à la mer...
Peu à peu un récit se construit à partir de ces signifiants disparates. Ce sont des rappels de la Méditerranée, du monde des loisirs et, pourtant,  rien ici de solaire. A l'inverse, des cactus boueux, des visages boursoufflés comme si les acteurs de cette histoire s'y étaient noyés. Une histoire qu'il nous revient de reconstituer, par lambeaux. Au terme de cette enquête, les indices s'accumulent, se contredisent parfois,  mais l'ironie de la démarche suffit à nous convaincre que rien n'aboutira, faute de preuves. Que "l'affaire sera classée", mais comme une série d'images clownesques dans un album de bande dessinée. Le crime restera impuni.
Cet espace saturé de signes et de réminiscences c'est surtout le temps vide des loisirs, du tourisme de masse comme icône de la solitude, de l'hédonisme qui prend le masque de la mort. On songe parfois à Plateforme, le roman de Houellebecq, aux pages de Philippe Muray pour son ironie grinçante face à l'univers de la fête généralisée dont le tourisme représente la caricature ultime.
 Il faut rendre hommage à cet artiste qui a su remettre le narratif au cœur de ses préoccupations plastiques, mais avec l'impertinence et l'aplomb de celui qui se joue de tous les codes, qui sait débusquer la grimace derrière le rire... Et quel culot, quel clin d'œil ne nous donne-t-il à voir, justement, lorsqu'il s'expose ainsi à Nice!